L’OCC, cela faisait maintenant
plus d’un an que j’en parlais, depuis que j’ai su qu’une nouvelle course de
53km et 3300mD+ allait faire son apparition pendant la semaine The North Face
UTMB. L’UTMB c’est un rêve pour
moi, c’est LA course que je dois à tout prix faire au moins une fois dans ma
vie, ça serait l’apogée de ma vie de traileuse. Bon, j’en suis encore un peu
loin encore et c’est justement pour ça que je me suis intéressée à l’OCC, une
course longue mais accessible quand même et qui emprunte les sentiers de
l’UTMB.
Je me suis inscrite sur le Cross
du Mont Blanc le jour de l’ouverture des inscriptions car cela devait être
l’objectif de ma saison, 23km et 1665mD+. Sauf que l’envie de m’inscrire au
tirage au sort pour l’OCC était trop grande et un jour je me suis inscrite.
S’en est suivi de longues semaines d’attentes avant d’avoir la réponse début
janvier : tirage au sort positif. Je serai donc au départ de l’OCC le 28
août 2014 à Orsières, France.
Je me suis préparée pour cette
course. J’ai d’abord dépassé la barre des 20km en sortie longue à Montréal puis
j’ai enchainé avec mon retour en France pendant 4 mois. Une semaine après mon retour, je me suis
alignée sur le marathon de l’Hortus en relai avec une copine. J’ai fais 22km et
1200mD+. Puis j’ai eu le cross du Mont Blanc fin juin avec ses 23km et 1665mD+.
J’ai fais une grosse rando course à Risoul en juillet, 23km et 1000mD+ puis
j’ai terminé cette prépa par le trail de Vars qui ne s’est pas très bien passé
et qui s’est terminé au km 17 et 1300mD+.
J’ai donc réussi à cumuler pas mal de dénivelé pendant cette préparation
mais je n’ai cependant jamais dépassé la barre des 23km de course, autant dire
que l’OCC allait être dur. J’ai aussi oublié de travailler la vitesse pendant
la prépa.
J’ai été blessé aussi, j’ai
trainé pendant 2/3 semaines une contracture au mollet et pas mal de fatigue
accumulée. La dernière sortie longue 2 semaines avant la course m’a achevé
alors que je voulais juste faire une dizaine de km et 200mD+. Mais non, j’ai
craqué dans la montée et j’avais le moral dans les chaussettes, trop marre de
faire du dénivelé : je voulais faire du plat, de la route. Les deux dernières
semaines ont donc été tranquilles, j’ai fais surtout de la VMA ce qui me
permettait de me défouler et de me vider la tête sur un effort violent mais
court et pour lequel on récupère bien. Quelques footings par-ci et par-là et le
jour J est vite arrivé.
Je suis arrivée à Chamonix le
mercredi 27, le temps de récupérer mon dossard, de manger un bout et de faire
un tour sur le stand UTMB et devant l’arche d’arrivée et nous voilà parti sur
Orsières pour y dormir. L’hôtel est dans la rue de départ de la course, autant
dire que je ne pouvais pas être plus proche. Les Suisses sont très accueillants
et chaleureux, la dame de l’accueil m’a même donné un porte clé peluche car
elle a vu à quel point j’étais stressée. Je l’ai accroché sur mon sac ( le sac
de mon amoureux qu’il m’a prêté pour l’occasion car le mien était trop petit) et
il m’a porté bonheur. Il s’appelle
OCC et à partir de maintenant il restera sur le sac pour n’importe quelle
course. Je dors correctement la nuit qui précède la course. Le réveil sonne à
6h30 et c’est la boule au ventre que je prends mon petit déjeuner et me
prépare. Baptiste me laisse vers 7h30 car s’il veut me voir à Champex-Lac, il
doit partir avant la fermeture de la route.
Sur la ligne de départ j’ai peu,
j’ai très peur mais j’ai envie d’en découdre avec ces 53km et 3300mD+. Je ne me
rends pas compte que je vais essayer d’accomplir une telle distance car je
décide de le prendre par étapes. Un message de Catherine Polleti et nous voilà
parti. Je passe l’arche de départ et on s’élance dans les rues d’Orsières,
direction Chamonix.
Les 7 premiers km se font bien,
nous avons 500mD+ à grimper mais ce n’est pas trop dur, c’est surtout du faux
plat montant. Il y a des bouchons et je perds pas mal de temps dans deux
montées (15 minutes à peu près). On a suivi la route Orsières-Champex pendant
un moment puis nous nous sommes enfoncés dans la forêt. J’arriverai à Champex
avec 20 minutes d’avance sur la barrière de Trient. Il n’y a que de l’eau à ce
ravitaillement, je remplis ma poche à eau et je repars.
On longe le lac de Champex, c’est
très beau. Puis on s’attaque à la première vraie difficulté du parcours soit la
montée à Bovine. On prends environ 850mD+ sur 5km. La montée est assez longue, je vais mettre 1h30
environ mais quand on arrive en haut la vue est juste magnifique. Une vue sur
la vallée Suisse alors que l’on se dirige vers la France. Je ne traine pas en
haut de Bovine même si un âne me bloque le passage en étant sur le sentier,
puis une vache (c’est aussi ça le trail). Je regarde ma montre qui m’indique
une moyenne de 3,5km/h depuis le départ et je dois arriver à 4km/h si je veux
passer la barrière horaire de Trient. C’est plus que jouable, j’ai juste à
courir dans la descente, tranquillement mais sûrement. C’est ce que je fais, je
me cale sur un rythme qui me convient et qui ne me fatigue pas trop, j’utilise
mes bâtons quand c’est nécessaire et je descends. J’arrive à Trient au km 24 à
13h40, soit 20 minutes avant la fermeture de la barrière horaire. Il ne reste
pas grand chose à manger car nous sommes les derniers (ce qui m’a franchement
embêté, je ne trouve pas ça normal !) et je repars.
Le plus dur du parcours m’attends, la montée à Catogne avec ses 850mD+ sur 3-4km. Je vais pecher dans cette montée, j’ai du mal. Je la trouve très longue et je n’en vois pas le bout. Elle est raide et j’essaie de pousser un maximum sur mes bâtons. Je passe un groupe de 3 coureurs dont l’un d’eux me demande mon âge. Quand je lui dis que j’ai 20 ans, il me répond qu’il aimerait que sa fille fasse aussi ça à mon âge, dans 10-15 ans. Je lui souhaite vraiment. Je continue à monter et je me retrouve avec un groupe de 3 personnes et on se motive entre nous. Sur nous 4, seulement 2 arriveront à passer la barrière de Vallorcine.
Le plus dur du parcours m’attends, la montée à Catogne avec ses 850mD+ sur 3-4km. Je vais pecher dans cette montée, j’ai du mal. Je la trouve très longue et je n’en vois pas le bout. Elle est raide et j’essaie de pousser un maximum sur mes bâtons. Je passe un groupe de 3 coureurs dont l’un d’eux me demande mon âge. Quand je lui dis que j’ai 20 ans, il me répond qu’il aimerait que sa fille fasse aussi ça à mon âge, dans 10-15 ans. Je lui souhaite vraiment. Je continue à monter et je me retrouve avec un groupe de 3 personnes et on se motive entre nous. Sur nous 4, seulement 2 arriveront à passer la barrière de Vallorcine.
La montée se termine enfin après
2h d’ascension et je me retrouve rapidement à la Giète. Il y a beaucoup de vent
mais le soleil est au rendez-vous et j’en prends plein les yeux. Je pourrai
planter ma tente ici et y passer ma vie tellement c’est beau. Je passe la Giète
et je demande à un bénévole si la barrière horaire de Vallorcine est
jouable : il me dit qu’il me reste 5km de descente et 1h. J’appelle
Baptiste pour le prévenir que je serai là juste, mais que j’y serai.
Je passe la seconde dans la
descente car je veux la passer cette barrière horaire, j’en ai encore à donner
et je ne veux pas m’arrêter au km 34 alors que je peux aller plus loin. Je vais
me fatiguer dans cette descente mais j’arrive à Vallorcine 5 minutes avant la
fermeture de la barrière. Un bénévole me prévient que dans 4 minutes je dois
quitter la tente et repartir. Il n’y à plus rien à manger et je perds un temps
fou quand la dame doit aller chercher l’orange et me la couper ! Ca me met
les abeilles, tout ça car nous sommes dans les derniers ! Je paye le même
prix que les premiers, je devrai avoir droit à un ravito normal et complet et
pas à deux morceaux de saucisson, du fromage et du pain d’épice (sachant que je
n’en mange aucun des trois… ). Je repars donc un peu dégoutée du ravito de
Vallorcine.
La prochaine difficulté est la
dernière, la montée à la Flégère,quasiment 900mD+ plus haut pour 18km. Je me dis que c’est jouable si
j’arrive en bas de la montée et qu’il me reste 1h. Pour aller au col des
Montets je marche même si ce n’est plus que du faux plat montant. Je commence à
fatiguer et mes pensées ne sont pas très positives. Je me suis bien amochée
dans la descente pour Vallorcine et le ravito n’a aidé en rien. Je croise
Baptiste à Tré-le-Champ au km 39 approximativement et je continue.
Il y a une première bosse d’environ 200mD+ à passer et une descente très technique avant d’arriver en bas de la montée de la Flégère. Je gère bien la montée mais la descente c’est catastrophique. Je ne peux plus courir et je perds un temps fou. J’arrive en bas de la Flégère et il me reste 40 minutes pour arriver au sommet sachant que j’avais mis 1h environ sur le Cross. Je vais donc être arrêtée à la dernière barrière horaire. Ca me fait mal au cœur mais je prends la décision d’arrêter ma course ici, c’est plus raisonnable sachant que je n’ai aucune chance de passer la dernière barrière horaire. Je m’arrête au bout de 42,5km et 2800mD+, à 10km de l’arrivée et au bout de 11h de course.
Il y a une première bosse d’environ 200mD+ à passer et une descente très technique avant d’arriver en bas de la montée de la Flégère. Je gère bien la montée mais la descente c’est catastrophique. Je ne peux plus courir et je perds un temps fou. J’arrive en bas de la Flégère et il me reste 40 minutes pour arriver au sommet sachant que j’avais mis 1h environ sur le Cross. Je vais donc être arrêtée à la dernière barrière horaire. Ca me fait mal au cœur mais je prends la décision d’arrêter ma course ici, c’est plus raisonnable sachant que je n’ai aucune chance de passer la dernière barrière horaire. Je m’arrête au bout de 42,5km et 2800mD+, à 10km de l’arrivée et au bout de 11h de course.
Je pleure car je suis épuisée et
que je suis triste d’échouer si près du but mais j’essaie de relativiser. J’ai
quand même réussi mon pari, j’ai couru plus de 42km alors que je n’avais jamais
dépassé la barre des 23km.
J’ai fais une belle course, je
pense avoir eu un bon mental sur la course et je n’ai rien lâché. J’en sors
plus forte et fière de moi, fière de cette belle balade de 42,5km que j’ai
fais. J’ai fais de belles rencontres sur la course, j’ai eu des moments
d’euphorie et d’autres ou je n’étais pas trop bien. Je sais maintenant que je
dois travailler ma vitesse car j’en aurai besoin sur mes prochains objectifs.
Mais je vais continuer dans cette voie et l’an prochain je vais me trouver un
nouveau objectif de la même distance et je le préparerai bien, tout comme j’ai
fais pour l’OCC. Et peut-être que dans quelques années, je serai de nouveau sur
les sentiers du tour du Mont Blanc.
Je tiens aussi à remercier
plusieurs personnes dans cet article : Baptiste, mon amoureux et assistant
(de choc –dit-il !) qui a cru en moi et qui m’a poussé. C’est grâce à lui
si je suis allée aussi loin. J’aimerai aussi remercier Lolo Trail qui a
toujours de bonnes paroles pour remonter le moral et pour motiver et qui est un modèle. Ensuite Fred
de Highway to Trail car ses récits de courses me font rêver, car il est aussi un
modèle et qu’il est de bons conseils.
Merci aussi aux personnes qui
m’ont laissé des messages sur mon blog et sur facebook en me disant que je
pouvais y arriver, cela me fait vraiment chaud au cœur (Fanny de Trail & Co
par exemple). Merci à ma belle-maman pour les bâtons et à l’organisation de
cette fabuleuse course. Je garde des souvenirs qui seront gravés à jamais dans
ma mémoire, pour ma première longue course de montagne.
A bientôt !
Tu as accompli un record ce jour-là, ne l'oublie pas! Petit à petit, tu progresses et dans quelques temps, les barrières horaires ne seront plus tes soucis. J'ai été heureux d'avoir pu te remonter un peu le moral même si je n'ai pas pu effacer tous tes doutes mais ce n'est que partie remise. Tu auras l'occasion de faire bien d'autres courses, les unes plus belles que les autres et je compte sur toi pour en profiter car même si la déception de ne pas finir est présente, et je sais de quoi je parle, l'essentiel reste bien de se faire plaisir, non? Bravo à toi et à bientôt chez nous!
RépondreSupprimerFélicitations, continus comme ca et merci pour ton récit, tu m'as donné envie de tenter moi aussi l'aventure et tu m'as reboosté pour mon 50 kilométres dans 3 semaines!
RépondreSupprimerFélicitations! Même si ça n'est pas passé cette fois, tu cumules de l'expérience et très bientôt tu finiras ce genre de course sans même te soucier des barrière horaires
RépondreSupprimerBravo!! j'ai adoré ton récit, j'ai suivi ta course dans ma voiture j'étais super triste quand j'ai vu que tu avais du arrêter mais c'est pour mieux repartir!
RépondreSupprimerBon retour au Canada
Et bé Bravo 42.5km en trail ce n'est pas rien!!!!! Et même si tu n'as pas fini la course tu as pris de l'expérience et tu te connais de mieux en mieux!!!!
RépondreSupprimerBon courage pour la suite.
J’ai été discret sur la toile ces derniers temps mais j’ai bien évidement suivi ta course en live. Par ailleurs, c’est dommage que nous ayons pas eu l’occasion de nous croiser à Chamonix.
RépondreSupprimerDis-toi que tu as fait quelque chose de remarquable que peu de personnes de ton âge sont capable de réaliser. Dis-toi que le plus dur était fait et que sans ces satanées barrières horaires, tu finissais cette OCC !
Maintenant tu sais spécifiquement quoi travailler pour réussir tes prochaines courses. Sans forcément faire du fractionné toutes les semaines tu vas devoir augmenter ta vitesse, notamment en montée et en descente. Tu as tout ce qu’il faut pour ça autour de chez toi au Québec donc tu devrais progresser rapidement.
L’expérience que tu as engrangé durant ta préparation et pendant l’OCC est précieuse et te servira dès ta prochaine compétition. Sans encore le savoir tu as gravi une marche importante dont tu peux être très fière.